Propatate

Proposé par Steuh

Attention, cet article est bourré d’un mot qui revient de manière récurrente, sauras-tu le retrouver ?

Laisse-moi t’emmener dans la merveilleuse épopée de la patate.

Oui, cet été, j’ai exercé le fabuleux métier de trieuse de patates. C’est un travail qui exige rapidité, concentration, rigueur, et ténacité.

Devant moi (nous, on était 6 en fait), un tapis roulant qui fait défiler les patates à environ très vite km/h. Tu vois les caissières des supermarchés ? C’est le paradis à côté du tri des patates.

Le but du jeu, c’est de virer les mottes de terre, les caillasses, les brins d’herbe, et les papates vertes et/ou déformées. Moi je n’attendais qu’une chose, c’était dégôter la patate en forme de bite. Mais c’est Mamie qui décocha la patate d’honneur, qui fut rapidement affublée du surnom de « la bite à Jojo » (le mari de la Vieille en fait).

Ah oui, je vais te présenter le reste de l’équipe : il y a « la Vieille », « la Grosse » (la belle sœur de Mamie), « Mamie » donc, « Connasse » (la fille de Mamie) et Virginie (la belle-fille de Mamie, qui n’a pas de surnom parce qu’elle, elle la ramène pas).

J’ai tout de suite senti la fraternité qui unissait ces gens-là, des gens du terroir, des paysannes, des vraies de vraies, avec l’accent bourru de ceux qui bouffent les mots à tord et à travers. Je suis restée longtemps en observation, à regarder d’un œil amusé la Grosse cracher en parlant, visiblement peu gênée par la morve qui se balançait au bout du nez, à écouter les saloperies ineffables de la Vieille (à vrai dire je comprenais pas grand-chose, mais j’avoue avoir ri bêtement quand-même, histoire de pas paraître hautaine).
Mais malgré tous mes efforts, je sentais bien que je ne faisais pas vraiment partie de la famille.

Jusqu’au jour où je leur ai proposé de venir manger au chaud chez moi. Il faut savoir qu’en Seine-et-Marne, on n’ouvre pas sa porte, alors tu parles que d’un coup, c’était champagne. Virginie s’est mise à m’offrir des clopes, tout le monde me parlait plus volontiers,

mais là où j’ai vraiment réalisé que j’étais entrée dans la bande,
là où j’ai senti que, ça y était, je faisais partie des leurs,
que j’étais enfin acceptée,

c’est au moment où j’me suis mangée ma première motte de terre dans la djeule.

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Maintenant chez moi, y a plus que des patates en forme de cœurs. Ouais.
http://www.lapatate.fr/